top of page
Rechercher

Faut-il surtaxer la malbouffe ?

Dernière mise à jour : 10 avr. 2022


Introduction

Hippocrate (460-356 avant J.-C.), père de la médecine, disait : « Que ton aliment soit ta première médecine » (1)

La malbouffe est aujourd’hui un problème de société majeur qui s’est ancré dans le quotidien des individus au fur et à mesure des années. Elle est dans sa globalité, une consommation riche en graisses, en sucres, et en composants nocifs pour notre santé. Elle est également à l’origine de mauvaises conséquences sanitaires, et causerait, selon l’organisation d’experts britannique Global Panel : « plus de maladies que le tabac, le sexe, et l’alcool réunis. »

La mise en pratique d’une bonne alimentation est difficile, pour des raisons économiques d’une part mais aussi car une grande partie de la population a du mal à juger de la qualité nutritionnelle des aliments.

La situation devenant alarmante, les pays, et des organisations comme notamment l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) , s’évertuent à solutionner cette malbouffe envahissante. Quelles seraient les solutions ? Traiter ce sujet à travers l’économie serait-il bon ? Proposer une surtaxe sur les produits alimentaires considérés comme de la malbouffe serait-il finalement une éventuelle nécessité ?

Nous tenterons de répondre à ces questions en présentant dans une première partie les généralités sur la malbouffe à travers son contexte historique et son impact physiologique. Nous présenterons dans une seconde partie les avantages d’une démarche de surtaxe sur la malbouffe. Enfin, nous étudierons les aspects pouvant freiner cet engouement pour la surtaxe et nous verrons qu’il ne s’agirait donc peut-être pas d’une nécessaire


I – Généralités


1.1 Histoire et contexte

Une alimentation basée majoritairement sur des produits alimentaires riches en graisses et en sucres, en additifs nocifs, en lipides et glucides de mauvaise qualité, constitue un véritable fléau que l’on appelle : la « malbouffe ».

L’apparition de la malbouffe remonte à la fin de la Seconde Guerre mondiale, où il fallait nourrir la population avec de faibles ressources. Il a fallu alors recourir à des aliments qui étaient, même consommés en petite quantité, très nutritifs mais très caloriques. Par ailleurs, on a commencé à observer des changements alimentaires dans le monde suite au développement de l’urbanisation et à la technologie croissante. Nous possédions moins d’aliments produits localement, et les nouveaux aliments ultra-transformés ( produits artificiels contenant plus de cinq ingrédients (4) commencèrent à envahir les supermarchés, ceux-ci étant des aliments peu onéreux autant dans les pays en développement que dans les pays développés. Par ailleurs, d’ici 2035, on prévoit un nombre de ventes de produits transformés quasiment égal dans les pays riches et dans les pays pauvres. (2)

Mais que signifie surtaxer ? Il s’agit d’ajouter une taxe supplémentaire sur les taxes alimentaires déjà existantes, de les majorer.

1.2 Impact physique de la malbouffe

La malbouffe à de lourdes conséquences sur l’épidémiologie. En effet, un décès sur cinq dans le monde est lié à la malbouffe (3). Le nouveau rapport de la Global Burden of Disease( étude épidémiologique basée à l’Institut de mesure et d’évaluation de la santé de l’Université de Washington aux États-Unis) indique que 11 millions de personnes sont décédées et 255 millions de personnes ont vu leur qualité de vie impacté, à cause d'une mauvaise alimentation en 2017. (3)

La malbouffe mène entre autres au surpoids et à l’obésité. D’après une étude menée par le groupe d’experts britanniques Global Panel,  le pourcentage de personnes en surpoids risque de passer de 1,33 milliard en 2005 à 3.28 milliards en 2030 (2) . En 2014, on recense 1,9 milliards d’adultes en surpoids dans le monde ( Cf. Annexe 1). En France, 50% de la population adulte totale est en surpoids à cette même période. L’obésité n’est pas le seul impact, la consommation de malbouffe dirige la population à développer des maladies comme le diabète. ( Cf. Annexe 1).

Par ailleurs, une autre étude scientifique menée par trois chercheurs indiens Bhattacharya PT, Misra SR et Hussain M (5) , démontre que le corps humain nécessite des éléments essentiels, et que leur absence peut entraîner de graves dysfonctionnements du corps. Ils influent directement sur les processus métaboliques et physiologiques de l’organisme. Une mauvaise nutrition peut entrainer une baisse de l’immunité et une vulnérabilité augmentée à certaines maladies.

On suppose donc que la malbouffe possède un réel impact sur l’organisme.


II – Les avantages d’une telle démarche


2.1 Une solution pour réduire l’obésité

Comme nous l’avons vu précédemment, manger des aliments malsains contribue au problème de l’obésité. L’obésité est l’accumulation excessive de graisse, dans un organisme humain, qui d’un point de vue médical entraîne des inconvénients pour la santé. Dans un contexte de prix élevés sur les produits alimentaires bons pour la santé et de manque de temps dans une société de plus en plus active, la population se tourne vers les produits ultra transformés, caloriques et nocifs pour l’organisme qui amènent à l’obésité.( Cf Annexe 1)

Finalement l’argent que les individus placent pour des régimes, des consultations paramédicales, des biens qui répondent à un besoin de soin de maladie … est un argent qu’ils gagneraient en arrêtant d’acheter pour des raisons financières, de la malbouffe qui aura été surtaxée. Malbouffe à l’origine de ces maladies. La population commencera alors à consommer des aliments sains, qui améliorent leur santé, et réduiraient les maladies et problèmes médicaux associés. La taxe présenterait alors l’avantage de réduire le taux d’obésité, et l’argent récolté par la taxe sur la malbouffe pourrait être utilisé pour payer le traitement des coûts de l’obésité pour la santé.

En surtaxant les produits industriels, cela encouragerait peut-être les individus à manger du fait-maison. Ils n’engloutiraient pas tous ces additifs et conservateurs et seraient sûrement plus rassasiés. Ils réguleraient leur alimentation et perdraient ainsi du poids.

Étudions cela de plus près :

Si nous réalisons un comparatif entre un sandwich industriel et un sandwich fait-maison, on observera tout d’abord dans le sandwich industriel un nombre d’additifs impressionnant, une garniture pauvre pour une majorité de pain de mie. Le sandwich fait maison possèdera pour le même poids et pour des ingrédients de qualité meilleure, une meilleure qualité nutritionnelle, un aspect visuel amélioré et sont rassasiants. (Cf Annexe 2)


2.2 Encourager la production de nourriture saine

En surtaxant la malbouffe, on subventionne indirectement les aliments sains. Ceci nous mène à aborder la notion de « paternalisme libertarien » : c’est une méthode de management visant à inciter plutôt qu’à contraindre. En taxant la malbouffe, on incite les individus à se pencher vers de meilleurs produits. Cela pousse également les producteurs à une meilleure production, une production différente, et enclencherait un bon engrenage. Une taxe sur les matières grasses encouragerait également les producteurs à fournir des aliments plus faibles en matières grasses et en sucre.

Mais comment faire ? Si l’on surtaxe par exemple ce qui constitue la malbouffe, on s’attaquerait alors aux matières premières. Ainsi, plus un aliment contiendrait des composés mauvais pour la santé, plus il coûterait cher.


2.3 Un pas pour réduire les coûts de l’État

En plus d’encourager la production de nourriture saine, surtaxer la malbouffe permettrait de réduire les coûts de l’État. En effet, nous avons abordé l’obésité. Cette dernière coûterait aux alentours de 2000 milliards de dollars dans le monde(Cf Annexe 3) et 20 milliards d’euros en France. L’achat de substituts alimentaires industriels n’induit pas réellement d’économie pour les ménages car elles se repayent en coûts de santé supplémentaires, dus à la qualité nutritionnelle médiocre de ces substituts. En choisissant des produits alimentaires sains à cause de la surtaxe sur la malbouffe, on permettrait à l’État d’obtenir cette réduction de coûts en économisant sur les dépenses de santé. ( Cf Annexe 4).


III – une mauvaise idée ?


3.1 Aspect socio-économique de cette surtaxe

Une surtaxe alimentaire sur la malbouffe pénaliserait plus d’un ménage … Souvent, les personnes à faible revenu consacrent un pourcentage élevé de leur revenu à des «aliments malsains». Conséquence : Les familles modestes sont les premières touchées. La nourriture saine, dite « healthy » est déjà chère ; les familles ne peuvent se permettre de changer des habitudes économiques de la sorte. Tout du moins pas rapidement. Les résultats seraient des individus qui iraient faire leurs courses dans le pays limitrophe par exemple. Il faudrait alors faire appel à des aides sociales de l’Etat. On punit les familles par la fiscalité. On punit également le plaisir pouvant être occasionnel de manger un bon gâteau au chocolat par un prix surtaxé. Tout cet aspect peut être illustré par l’échec de la « fat tax » au Danemark. Le Danemark fut le premier pays à taxer les produits contenant des produits trop riches en graisses saturées ( plus de 2,3% exactement (6). Les producteurs et les distributeurs de produits alimentaires ont trimé face aux coûts liés à la fat-tax. Au final, le taux d’obésité au Danemark n’a pas bougé et la taxe a été abolie un après sa mise en place.


3.2 Une difficulté de cible : quels produits sont sujets ?

Il est difficile de se positionner quand à « l’étiquette » qu’on attribue à un produit alimentaire. Si on se fie aux matières grasses, l’huile est alors l’exemple par excellence de la malbouffe. Pourtant, consommée en petite quantité elle est un excellent apport de matières grasses et est importante dans l’organisme. Par ailleurs, si on se fie aux calories, un cola a 38 kcal et un jus d’orange 45 … surtaxer le jus d’orange paraitrait insensé ! Déterminer ce qui entre dans la catégorie de la malbouffe créerait des polémiques.

Tous les aliments deviennent de la malbouffe s’ils sont consommés de manière excessive.

Ceci nous mène à notre troisième point : la surconsommation alimentaire.


3.3 Attention à la surconsommation alimentaire

La surtaxe voudrait prévenir des cas comme l’obésité mais cette dernière ne résulte pas uniquement de la malbouffe, il y a d’autres facteurs. Cela n’empêchera pas une surconsommation alimentaire, une addiction a la malbouffe qui ne serait pas résolue par une surtaxe alimentaire et entrainerait éventuellement des séquelles psychologiques sur les individus. De plus, l'obésité est causée par plus de facteurs que la simple surconsommation d'aliments riches en graisses et riches en sucre. Elle comprend des questions telles que la taille des portions, les niveaux d'exercice et les facteurs génétiques. Surtaxer la malbouffe n’y changerait rien.


Conclusion

Tout au long de ce travail de recherche, nous nous sommes penchés sur la question d’une éventuelle surtaxe alimentaire sur la malbouffe. Nous nous sommes demandés si elle constituerait une nécessité. Nécessité permettant notamment de solutionner ce que cause majoritairement la malbouffe : l’obésité. Nous avons abordé dans une première partie les généralités sur la question ; nous avons défini la malbouffe, la surtaxe, abordé la question de la nécessité …

Nous avons pour ce faire, expliqué l’histoire de la malbouffe et comment elle s’est imposée au fil des années dans la société et dans le mode de vie de la population. Nous avons tenté de savoir si elle possédait un réel impact sur l'organisme, et l’avons affirmé d’une certaine manière. Ensuite nous avons étudier les éventuels avantages d’une surtaxe alimentaire. Ce serait une solution pour prévenir l’obésité, ou pour encourager la production de denrées alimentaires saines.

Enfin nous avons démontré qu’une telle démarche pourrait réduire les coûts de l’État.

Mais finalement, serait-ce une bonne idée ? Ne serait-ce finalement pas le déclencheur d’une catastrophe socio-économique qui punirait la majorité des foyers ?

D’autre part, il serait très difficile de choisir les produits sujets à la surtaxe. Sans parler de l’addiction à la malbouffe, au plaisir gustatif de certains plats ou desserts qu’on peut s’autoriser à rare fréquence. Ces facteurs ci seraient touchés de manière négative par une surtaxe et ne serait pas du tout une solution.

Nous pouvons conclure qu’une surtaxe alimentaire sur la malbouffe aurait certes des côtés positifs, mais que les effets « néfastes » de cette démarchent contrebalancent ce choix et la surtaxe n’est donc alors pas une nécessité. Il y a d’autres manières de supprimer la malbouffe de notre quotidien.

D’ailleurs, on en viendrait peut-être à surtaxer également les produits sains pour une mise à niveau, est-ce donc vraiment nécessaire ?


Résumé en anglais

Junk food is today a major societal problem that has taken root in the daily lives of individuals over the years. In general, it is a consumption rich in fats, sugars and components harmful to our health. It also causes bad health consequence. The implementation of a good diet is difficult, on one hand for economic reasons but also because a large part of the population has difficulty in judging the nutritional quality of food.

As the situation became alarming, countries, and organizations such as the World Health Organization (WHO), were struggling to resolve this pervasive junk food. What would be the solutions? Would it be good to deal with this subject through the economy? Is it finally necessary to propose a surcharge on food products considered to be junk food?

Throughout this research work, we have addressed the issue of a possible food surcharge on junk food. We wondered if it would be a necessity. Necessity allowing in particular to solve what causes mainly junk food: obesity. In the first part, we addressed the generalities on the question; we defined junk food, the surcharge, addressed the question of necessity ...

We saw that there were advantages and disadvantages to a surcharge on junk food and that it was not the only fruit of all misfortunes ... the surcharge is therefore not a necessity because it is not the quick fix.

Annexes

📷📷

Annexe 1 : le diabète et le surpoids dans le monde en 2015 – la population adulte en surpoids en France en 2014

Sandwiches industriels / fait-maison : petit comparatif

Pain

Garniture

kcal/100 g

  Daunat

53 %

47 %

 247

  Sodebo

 48 %

52 %

 261

  Weight Watchers

 45 %

55 %

 162

  Mon sandwich fait à la maison

 27 %

 73 %

 210 ou 285 *

Annexe 2 : tableau comparatif entre un sandwich fait-maison et des sandwich industriels.

📷

Annexe 3 : coût de l’obésité dans le monde

📷

Annexe 4 : la part des dépenses de santé liées aux besoins de la population française.

Bibliographie

(1)  : Cours d’histoire de la nutrition : « Comment de tous temps nos habitudes alimentaires ont impacté notre santé » de Carla Domingues

(2)  :(www.bfmtv.com)

(4) FARDET, Anthony ; 2017 ; « halte aux aliments ultra transformés !» ;Thierry Souccar Editions ; page 34

 
 
 

Comments


Post: Blog2_Post

©2020 par Estelle Zana.

EDNH Paris

Mentions légales : ​

Wix
Wix.com Inc.
Adresse : 500 Terry A François Blvd San Francisco, CA 94158
Téléphone : +1 415-639-9034

​​

bottom of page